Etude mondiale : l'endométriose et la productivité au travail des femmes

Source Alphagalileo


Selon une première étude mondiale, l’endométriose a un impact significatif sur la productivité au travail des femmes.


La première étude mondiale sur l’impact social de l’endométriose a constaté une perte significative de productivité au travail chez les femmes qui souffrent de cette affection. C’est ce qu’a exposé aujourd’hui (lundi) un chercheur à la 26e Conférence annuelle de la Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie.  Le Dr Kelechi Nnoaham du département de la santé publique à l’Université d’Oxford, Royaume-Uni, a déclaré que les résultats de cette étude multicentrique aideront à mettre en lumière le fardeau jusqu’alors méconnu qui pèse sur un nombre estimé de 176 millions de femmes dans le monde qui souffrent d’endométriose.

L’endométriose est une maladie inflammatoire douloureuse qui, chez beaucoup de femmes, est chronique pendant leurs années reproductives. L’inflammation affecte des cellules similaires aux cellules endométriales de l’utérus qui peuvent se trouver dans la cavité pelvienne, sur les organes pelviens ainsi que sur les intestins et la vessie et (rarement) dans les poumons.

Pour l’étude Global Study of Women’s Health (GSWH), le Dr Nnoaham et ses collègues ont recruté 1459 femmes âgées de 18 à 45 ans dans14 centres participants de dix pays sur cinq continents. Chez toutes ces femmes, une laparoscopie était prévue en raison de symptômes suggérant une endométriose. Les femmes avec un diagnostic préalable d’endométriose ont été exclues. Les participantes ont été priées de répondre à un questionnaire détaillé sur leurs symptômes et l’impact de ces derniers sur leur vie. Après diagnostic chirurgical, les questionnaires ont été analysés selon que les femmes présentaient un diagnostic d’endométriose ou d’autres affections. Celles qui n’avaient pas de diagnostic d’endométriose ont fait fonction de groupe témoin.

« Les chercheurs savent déjà que les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques font état d’une moindre qualité de vie. Mais l’étude GSWH est la première à explorer si les femmes dont les douleurs pelviennes sont dues à une endométriose sont affectées d’une autre manière que celles souffrant de douleurs pelviennes provenant d’autres causes ou de causes non identifiées, et notre étude a confirmé que c’est effectivement le cas », a exposé le Dr Nnoaham. « Notre recherche est la première étude prospective entreprise dans le domaine de l’endométriose afin d’évaluer l’impact de la maladie. »

Les chercheurs ont constaté des différences substantielles entre les femmes avec endométriose et le groupe témoin. « La perte de productivité au travail parmi les femmes en emploi avec endométriose était de dix heures par semaine, contre sept heures par semaine pour celles qui souffraient d’autres troubles », a dit le Dr Nnoaham, « et ceci en premier lieu du fait d’une productivité réduite plutôt que d’absences. » Les activités non professionnelles, telles que les tâches ménagères, l’exercice physique, les études, les courses et la garde des enfants étaient également significativement perturbées par les symptômes douloureux de cette affection. 

« Par ses symptômes, l’endométriose nuit à la qualité de vie dans tous les domaines couverts par le questionnaire Short Form (36) Health Survey (SF-36), un outil standard pour la mesure de la qualité de vie en liaison avec la santé, à l’exception du fonctionnement physique et de la santé mentale. Au fur et à mesure que les symptômes empirent, la qualité de vie se détériore », a déclaré le Dr Nnoaham.

Les chercheurs ont également noté qu’il y avait un délai de sept ans entre le moment où les femmes consultent la première fois leur généraliste en raison des symptômes et le diagnostic – avec en moyenne 6,7 consultations avant d’être adressées à un spécialiste.

«Nos résultats soulèvent de nombreuses questions à étudier », a déclaré le Dr Krina Zondervan, épidémiologiste génétique et chercheuse du Wellcome Trust Centre for Human Genetics, investigatrice principale de l’étude. « Par exemple, pourquoi l’endométriose affecte-t-elle différentes femmes de différentes manières ?  L’impact des symptômes change-t-il une fois que le diagnostic est établi ? Et ce qui est plus important, c’est que nous pouvons nous appuyer sur ces constats pour examiner comment on peut aider la femme à mieux vivre le processus de diagnostic et de traitement. Nous pourrons puiser dans les données obtenues par l’étude GSWH pour des études en cours et futures, ainsi que pour des investigations biologiques des origines de l’endométriose et des marqueurs pour le diagnostic de la maladie.»

« Nous espérons que notre étude soulignera la nécessité d’une sensibilisation, d’un délai de diagnostic plus court, d’une prise en charge améliorée et d’un financement accru pour la recherche afin de trouver de meilleurs traitements pour cette affection pénible », a conclu le Dr Nnoaham.